mercredi 21 septembre 2011

L'homme sans visage... de Pascale Mayeur-Sarr

Bourdonnements 2




  l’énorme batterie glissait sur ses deux rails, la rouille, dense, prés du filtre à air… cela va de pair avec le reste, il a dit… regarde… question de rythme, de cadence, et le danger que cela suppose, arracher les ailerons, soulever le bloc compact d’un seul et même mouvement rotatif, respiration bloquée, déposer le bloc sur le marbre (te ronge pas les sangs comme ça, ce n’est que le début il a insisté, t’as pas idée !)… les pantalons qui choient le long des guiboles, la trouille que le truc te pète à la gueule, un trou noir que tu tiens entre les couilles, il a dit, quel con, sous l’effort donc, la quantité d’énergie déployée, ce que ça m’en aura coûté de multiplier les prouesses, alors, la retrouver là, en contrebas, disparaître un soir, réapparaître le lendemain aux aurores à un endroit inattendu, de lui dire, encore une fois, gaffe Steph', je t’aurai prévenu, le lourd fracas, ce bruit d’étoffe qui s’abat lourdement, comment a-t-elle pu se retrouver là, (Verbatim Haute densité 3,44 MB)… peu importe, je me dis (à l’énergie, oui, à l’énergie !)… du coup, les intrigues et autres psychodrames, ce que je cherche, avant tout, je lui ai dit, un lieu, la pure condensation… ce sourire (gêné, comment le qualifier autrement, tandis que l’engin se dérobe à la manière d’un drone) là, l’endroit d’où la disquette (haute densité) a semble-t-il jailli (le petit promontoire sur la droite !)… canalisations et de voies transgressives (qu’est-ce qu’une disquette à haute densité 3,44 MB est venue foutre ici, bordel, il se prend la tête dans les mains, pas de panique Steph', j’ai dit, tu n’as encore rien vu, tu sais pas le boucan que ça va faire quand on en décryptera le contenu… ). Alors,  t’es sûr,  je demande quand même ?... la disquette elle a fait seule le trajet jusqu’ici ? Je sais pas, si elle a fait le tour du pâté de maisons, parce que le Yvon, mine de rien, ça fait un bail qu’il en cherche des Verbatim 3,44 MB, alors je vais te dire, il vire leur petite plaque de métal, là, les assemble sur un support en bois, format 0,70/0,65, et les refourgue à un pote, je sais pas pourquoi moi, t’en fais ce que tu veux, qu’il lui dit, parce que t’es mon pote et que tu te prends pas la tête, toi, t’es un mec clean ! Donc Si c’est du vol, alors permets moi de te dire que pour ce qu’il en fait (n’importe quel mec te jetterait en taule pour ça !)… je n’y décèle aucune matière à polémiquer… et je trouve ça beau finalement, ces assemblages de bois et de plastique, alors donc qu’aurait-il eu à décider d’un coup d’un seul de s’en débarrasser, comme ça à l’heure où je sors mes clebs en compagnie des mouches, mystère et boule de gomme, c’est un truc que je ne peux expliquer, c’est comme si, par exemple, je te demandais tes Altec Lansing en acier chromé et te les rendais sans y avoir touchées, tu vois, tu en conclurais ce mec, etc… Il a beau dire, et à juste titre, le Yvon, il a beau se vanter, habile comme un faiseur de sushis, qu’il vienne pas me dire là qu’il en sait rien non plus, que là il est en panne (comme lorsque l’on remontait de Mâcon !), ou bien que la disquette lui est tombée des mains, non… qu’il vienne pas me dire ça ou alors je ne réponds plus de rien !
Condensation, donc, je lui ai martelé ça ! Le Steph' n’a pas compris où est-ce que je voulais en venir… Expliques-toi… qu’est-ce que tu veux dire ?... Condensation ?... La batterie, les deux rails, la rouille, dense, prés du filtre à air… question de rythme… bon, s’agissait d’arracher les deux ailerons latéraux, donc, les plus résistants… de soulever le bloc d’un coup et de le déposer sur le marbre ! Pas un bloc de foie gras ! D’un mouvement rotatif, respiration bloquée ! La nuit, toutes les nuits je vais dans le parc et je regarde les étoiles… il a fait ! T’es con ! Les étoiles sont jaunes ( ou jeunes ?!)… OK ! J’aime les étoiles

vendredi 16 septembre 2011

Bourdonnements 1




Je ne me lasse pas de cette phrase : « … Ce n’est pas le bruit d’un avion. C’est le bourdonnement d’un insecte qui voltige prés de mon oreille : un insecte plus petit qu’une mouche, qui trace dans l’air quelques cercles sous mes yeux avant de disparaître dans un angle de la pièce obscure… ».(Murakami Ryû, Bleu presque transparent).

Dans son journal un médecin japonais qui, en 45, exerçait dans un hôpital de campagne, tout prés de Hiroshima, raconte l’effroi suscité par l’explosion de la bombe (原爆 gen'baku…). La vision du champignon atomique, une boule de feu coiffé d’un gigantesque nuage de fumée blanche. Puis, le silence. Et enfin cette question : qu’est-ce qui a bien pu provoquer ça ?

C’est ce silence que j’entends dans cette phrase. Son fantôme… Ce n’est pas le bruit d’un avion. C’est le bourdonnement d’un insecte qui voltige prés de mon oreille…

Une photo accompagne l’extrait. Une photo de la ville. Celle de Hiroshima. Et en dessous, un extrait d’un article de Camus paru un peu plus tard et dans lequel il exprime sa stupéfaction, son désarroi face à l’absurdité, à la bêtise des commentateurs de l’époque, fascinés par la performance du jour : une bombe de la taille d’un ballon de foot dotée d’une capacité de destruction hors du commun !

Bleu presque transparent… Comme le ciel avant l’explosion qui allait consacrer le mariage du ciel et de l’enfer. La bombe - 原爆 - le champignon… (kinoko) !





samedi 10 septembre 2011

ENFIN!

L'édito de Frank Joannic et Marianne Desroziers:

Après un numéro pilote, le vrai n°1 de la revue numérique et littéraire « L’Ampoule » est fin prêt : 119 pages, 18 textes et 9 illustrations originales autour du thème « Monstres & Merveilles », à lire et à télécharger gratuitement grâce au concours précieux de contributeurs de talent.

Il y est question de géant yougoslave semant la terreur (Rip), du grandiose Jérôme de Jean-Pierre Martinet (Marianne Desroziers), d’un peintre dément (Paul Sunderland et Laurent Fantino), de monstres nés du génie génétique (Philippe Sarr), d’artiste japonais suscitant l’épouvante (Pierre-Axel Tourmente), d’uchronie sud-américaine (Christian Jannone), de créature hantant les vaisseaux fantômes (Vlad Oberhausen), de l’esprit des tueurs (Salima Rhamna), d’aventures débridées winwintantes (Arnaud Guéguen et Pierre-Axel Tourmente), d’un château merveilleusement angoissant (Georgie de Saint-Maur), de bestiaires médiévaux (Constance Dzyan), de contre-utopie maya (Arthur-Louis Cingualte), d’évasion improbable (Christophe Lebon), du film gore Society (Marianne Desroziers et Laurent Fantino), de trafic d’organes (Alexandre Solutricine), d’un vieux chien monstrueux (Guillaume Siaudeau), d’Alice de Jan Svankmajer (Marianne Desroziers) et d’un crépuscule de fin du monde (Serenera). À noter également, des rubriques, des textes en collaboration et les dessins inspirés de Laurent Fantino et Shin.

Bref, un programme qui promet, qu’il est possible de commenter sans la moindre retenue à la suite de cet article sur le blog du Pandémonium Littéraire.

Et rendez-vous en décembre pour un n°2 au sujet alléchant, « Art & Danger »


Le numéro 1 de la revue l'Ampoule vient donc de paraître! Rendez-vous sur le site des éditions de l'Abat-Jour (www.editionsdelabatjour.com) pour la télécharger (c'est gratuit et c'est du trés bon!). Au sommaire, des articles et textes de fiction sur le thème "Monstres et merveilles" enrichies de superbes illustrations!

Ci-dessous, une aquarelle et collage de Pascale Mayeur Sarr...